30 juillet 2018
Depuis des semaines, les FDI [1] restreignent les mouvements de l’éminent militant politique palestinien Issa Amro, bien qu’aucun ordre restrictif n’ai été émis à son encontre. Amro déclare qu’il a été arrêté sans justification au moins 20 fois ces dernières semaines à des postes de contrôle, à Hébron, où il habite, parfois pendant une durée de deux heures.
Les FDI déclarent que Amro a été arrêté une fois sur la base d’un ordre qui a été émis à son encontre après qu’il a suscité une provocation et les autres fois par erreur. L’armée maintient qu’il n’y a aucun ordre qui restreigne son activité.
Amro, militant bien connu à Hébron, qui gagne sa vie en partie en faisant des visites guidées de la ville, a été accusé dans le passé d’avoir agressé et insulté des soldats. Il déclare que dernièrement il a été fréquemment retenu, parfois pendant un court moment, mais d’autres fois pendant une heure et demie ou deux heures. Il dit qu’aux postes de contrôle les soldats lui disent que le Commandant de la Brigade Yehuda, Itzik Cohen, a donné l’ordre de ne pas le laisser passer et qu’il y a une injonction « verbale » à son encontre. L’armée nie l’existence d’un tel ordre.
En avril et mai, Amro a été retenu au moins 12 fois, et son avocat, Roni Pelli, de l’Association pour les Droits Civiques en Israël, a dû demander à l’armée de le laisser passer, ainsi que cela est signalé par la correspondance entre Pelli et l’unité judiciaire de l’Administration Civile [2]. Le 15 avril, le Chef de bataillon Hagai Rothstein a écrit qu’« un ordre de zone fermée a été émis au sujet de Amro avec l’approbation individuelle du commandant de brigade. Il n’y a aucune interdiction générale sur ses mouvements dans cette zone. » Cependant, quelques jours après, les 22 et 23 avril, Amro a été retenu à des postes de contrôle. Le 24 avril, il a été retenu à nouveau près du marché de Hébron et n’a été autorisé à passer qu’après une intervention de Rothstein.
De semblables retards ont eu lieu à la fin d’avril ainsi qu’en mai et en juin. Dans chaque cas, l’avocat a pris contact avec l’Administration Civile, qui a pris contact avec les soldats et leur a dit de laisser passer Amro. L’armée a confirmé qu’il y avait eu des « erreurs » dans le passé en ce qui concerne la restriction des déplacements de Amro mais dit que celles-ci étaient des incidents isolés qui avaient été résolus. Jeudi dernier [le 26 juillet], après qu’Haaretz a enquête sur le sujet, Amro a été retenu une fois encore pendant 15 minutes. Le Porte-parole des FDI déclare que les soldats dans cette zone ont reçu un rappel relatif aux procédures envers Amro.
Roni Pelli déclare : “Le commandement militaire use de son pouvoir illimité à Hébron pour harceler un homme. Ce harcèlement fait partie de la politique de séparation que l’armée mène à Hébron depuis près de deux décennies. Une politique qui a transformé le centre de Hébron en une ville-fantôme et rendu impossibles les déplacements de Issa Amro et des autres habitants protégés de la ville.”
Le Porte-Parole des FDI dit : “Issa Amro a régulièrement troublé l’ordre public à Hébron depuis des années, en faisant obstacle à l’activité des forces de sécurité et, plus d’une fois, a usé de violence envers eux. Amro est habilité à se déplacer partout à Hébron conformément aux règles qui concernent tous les habitants, et il n’y a aucun ordre qui limite personnellement ses mouvements. Les instances par lesquelles il affirme avoir été retenu sans justification ont fait l’objet d’enquêtes et d’examens par les autorités compétentes.”
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers